La citoyenneté

Pourquoi un dossier - faut-il dire un de plus ? - sur la citoyenneté ? Il y a seulement trente ans - en 1968 ! - la citoyenneté figurait parmi les références vitupérées par l'air du temps. Aujourd'hui, comme on sait, le thème fait florès. On n'en tirera certes pas argument pour sacrifier aux facilités d'un improbable balancier de l'histoire. Car la citoyenneté, en effet, ne saurait être assignée comme simple problème d'époque, biffé ou ignoré avant, à nouveau balayé après, avec ensuite promesse de revenir au titre d'on ne sait quel cycle des avatars. Rendue à ce qui lui reste fondamental, la citoyenneté se présente, au plan de la philosophie politique, comme la forme même de notre modernité. Il y va, au-delà du juridique, pour nombre de philosophes, de la liberté et de l'humanité de l'homme. Tout son enjeu réside en effet dans la question de savoir comment peut se réaliser un genre humain dont la perfectibilité, sans cesse, est éprouvée par les aléas de l'histoire, c'est-à-dire par ce qui faisait Montaigne déjà se représenter le monde comme une « vaste branloire ». […]
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