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Rencontre avec Eloïse Auffret, ancienne étudiante du Master 2 Conseiller en accessibilité et accompagnement des publics à besoins éducatifs particuliers

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Eloïse Auffret nous raconte son parcours et ses projets. Elle a suivi le parcours 2 de notre Master « Pratiques inclusives, handicap, accessibilité, accompagnement » relatif à la formation de « Conseiller en accessibilité et accompagnement des publics à besoins éducatifs particuliers » et a obtenu son diplôme de M2 en 2015.
 

L’idée de créer ton entreprise dédiée à l’accessibilité (Adaptations et formations au Falc) est-elle antérieure à ton parcours à l’INSHEA ou est-elle née à ce moment-là ? À quel moment as-tu décidé de t’investir dans le champ du handicap et de l’accessibilité ?

J’ai découvert le monde du handicap en 2005, à la fin de mes études de Muséologie. J’ai intégré Personimages, une association parisienne permettant aux personnes atteintes de déficiences intellectuelles de s’exprimer par le biais d’activités artistiques. J’ai assisté durant quelques mois une artiste-peintre dans l’animation d’un atelier de peinture, qui intégrait autant des adultes que des enfants handicapés. Je me suis retrouvée par la suite à monter des expositions à partir des œuvres de ces artistes différents, à concevoir des documents pédagogiques pour les enfants ou à parler du handicap mental dans les écoles. J’ai également eu l’occasion d’accompagner certains de nos groupes dans des musées et j’ai pu constater que les guides qui nous accueillaient ne savaient nullement communiquer avec ce public. C’est alors que j’ai eu un déclic et que j’ai voulu associer mes connaissances du monde culturel avec celui du handicap : au demeurant, comme le précise l'Icom (Organisation internationale des musées), la culture n’est-elle pas destinée au plaisir pour tous ?

J’ai longtemps cherché une formation qui me permettrait de lier ces 2 mondes, en vain. J’ai néanmoins pu me former auprès de l’association Tourisme et handicaps et devenir évaluateur de sites touristiques. Cette formation m’a permis de découvrir tous les autres handicaps et leurs spécificités. J’ai souvent effectué des missions d’évaluation dans les musées, tout en travaillant parallèlement dans un petit musée comme attachée de conservation. En 2013, j’ai quitté mon poste pour me consacrer au thème de l’accessibilité culturelle. J’ai appris la LSF et j’ai intégré l'INSHEA. C’est au sortir de ma formation que je me suis formée au Facile à lire et à comprendre (Falc). J’ai découvert cette méthode grâce à Danielle Depaux avec laquelle j’avais fait de nombreuses évaluations de sites pour la marque Tourisme et handicaps. Une guide conférencière de formation et mère d’une jeune femme déficiente intellectuelle, Danielle est l’une des premières à avoir travaillé le Falc en France. J’ai donc beaucoup échangé avec elle et elle m’a montré son travail, par exemple pour le Musée Victor Hugo.

Peux-tu nous décrire en quelques lignes les principales missions/activités de ton entreprise ? As-tu d’autres engagements professionnels ou bénévoles en lien avec le handicap ou l’accessibilité ?

J’ai eu la chance d’être repérée par Atalan, une entreprise spécialisée dans le secteur de l’accessibilité numérique, alors que j’étais encore étudiante à l’INSHEA. Dès que j’ai eu mon master, je me suis mise en micro entreprise et j’ai collaboré avec Atalan pour des missions de sensibilisations aux handicaps dans les entreprises, en parallèle, j’ai été formée par leurs soins à l’accessibilité des documents. Étant de formation médiatrice culturelle, animer des événements de sensibilisation me correspondait parfaitement. Depuis lors, mon travail consiste essentiellement à sensibiliser et/ou donner des formations sur l’accueil du public en situation de handicap tandis que je me suis spécialisée à la méthode du Facile à lire et à comprendre.

J’anime par ailleurs, depuis 4 ans, des ateliers culturels, mais aussi de citoyenneté dans un Centre d’activité de jour à Paris. Finalement, cela me permet de mieux connaître les personnes atteintes de déficiences intellectuelles et leurs besoins. 
 

À l’occasion de ton Master, tu as effectué ton stage de M2 en Grèce, via le programme Erasmus+ et le service des relations internationales de l’INSHEA t’a accompagnée dans ce projet. Peux-tu nous raconter en quelques mots cette expérience à l’étranger et nous dire en quoi celle-ci t’a aidée dans la construction de ton projet professionnel ?

Étant grecque d’origine, aller en Grèce n’était pas un choix pris au hasard. Ce que j’espérais avant tout s’était de pouvoir étudier l’accessibilité des musées dans ma deuxième patrie et de mener ensuite des projets à destination des publics spécifiques. Je me suis rendu compte que si les Grecs connaissaient bien mieux qu’en France la malvoyance, l’offre culturelle à destination des publics handicapés restait encore très limitée et concentrée sur le public en situation de handicap moteur. J’ai gardé des contacts dans certains musées comme le Musée Cycladique à Athènes avec lequel nous avons conçu le premier livret en Falc : une version rédigée en grec et une seconde en français.

Ce que j’aurais aimé faire ? C’est de pouvoir vraiment m’investir plus en Grèce, mais les conditions sanitaires actuelles ne le permettent pas.

Tu as collaboré en 2018 au projet de partenariat Erasmus+ ACCESS porté par l’INSHEA dont l’objectif était d’améliorer l’accès à la formation professionnelle et à l’emploi des jeunes en situation de handicap. En quoi a consisté ta participation à ce projet ? Tu collabores également en 2020 avec l’INSHEA comme intervenante dans certaines de nos formations/Master sur l’apprentissage du Falc. En quoi cela consiste exactement ?

Zineb Rachedi et Christel D’Estiennes D’Orves m’ont contacté afin que je participe au projet Erasmus+ ACCESS mené par l'INSHEA en collaboration avec d’autres institutions européennes. Le projet évoquait les moyens mis en place par la France, l’Angleterre et le Portugal pour favoriser l’inclusion des personnes déficientes intellectuelles dans la société : quelles aides humaines et financières existent, quels parcours scolaire et supérieurs sont proposés pour favoriser l’apprentissage et quels moyens sont mis en place au sein de ces pays pour permettre l’insertion dans le monde professionnel. Cette étude prenant en compte les personnes en situation de handicap intellectuel, il était évident que le compte-rendu soit accessible aux personnes concernées. De ce fait, ma mission a simplement consisté à retranscrire en Falc le compte-rendu de cette étude en français.

Je pense que cette mission a été concluante puisque Julie Dachez, dans le cadre de son cours présentant les différentes formes de communication existantes dans le secteur du handicap, m’a priée de donner un cours sur le Falc à ses étudiants. J’ai donc tenté de présenter cette méthode mise en place par l’association Européenne Inclusion Europe et portée en France par l'UNAPEI et de l’intérêt de concevoir des documents simplifiés.

Quels seraient tes conseils aux futurs étudiants de l’INSHEA et notamment leur recommanderais-tu de participer à un projet de mobilité en Europe ou ailleurs ?

L'INSHEA est réputé pour son expertise en lien avec le handicap et pour moi qui souhaitais faire un changement de carrière en lien avec le handicap, il était évident qu’il me fallait suivre une formation au sein de cet établissement. J’y ai passé une très belle année d’études, très riche que ce soit au niveau de la variété des cours - puisque j’ai pu découvrir d’autres approches comme la sociologie, les cours de droit, etc. - comme par la qualité et la variété des intervenants comme l’association Retour d’Images ou la militante Elisa Rojas. Et puis comme nous étions peu d’étudiants dans ma promotion, les échanges, débats, retour d’expériences et collaborations étaient possibles et ce d’autant plus que chacun avait un parcours spécifique lié au handicap (une fonctionnaire d’État de Haïti en charge du handicap venu se former en France, une musicologue, une assistante sociale, une personne polyhandicapée et son assistant, un enseignant, etc.) . Tout cela m’a permis d’avoir une vision beaucoup plus large du handicap, ce qui me permet aujourd’hui d’aborder le handicap sous différents angles lorsque je donne des formations. Et puis, l’expérience internationale est à mon sens un plus, car cela permet de voir comment d’autres pays d’Europe prennent en compte le handicap et les solutions qu’ils mettent éventuellement en place. 

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