La conférence de l’an dernier s’est très bien passée en termes d’organisation et d’échange. Le public présent était éclectique (chercheurs, enseignants, étudiants, etc.) ce qui a rendu le débat très intéressant. L’interaction avec l’auditoire a permis de mieux discuter les éléments présentés dans le cadre de la conférence et aussi de réfléchir sur le handicap selon une approche comparative des deux contextes, français et marocain.
Le but de mon intervention était d’amener le public à repenser l’accessibilité selon une perspective étendue qui tient compte de la dimension sociale et interpersonnelle. Limiter l’analyse de l’accessibilité à une dimension physique relative à l’accès aux équipements et à l’aspect architectural par exemple pourrait s’avérer réductrice comme approche. Prenant l’exemple d’une personne en situation de handicap qui accède à un espace parfaitement accessible sur le plan architectural, technique et technologique mais qui se trouve face à des personnes ayant des représentations négatives sur le handicap et sur les personne en situation de handicap. Ces représentations sociales négatives peuvent avoir des retombées sur les relations sociales entretenues avec ces personnes se traduisant par exemple par un discours stigmatisant, des attitudes de rejet, d’indifférence et de mépris, ou encore par des comportements discriminants. D’où le choix d’axer mon intervention sur les représentations sociales relatives au handicap et d’inviter le public, étudiants et non étudiants, à examiner ensemble une dimension socio-anthropologique qui détermine dans une large mesure l’accessibilité des personnes en situation de handicap à l’espace public, à leurs droits et à l’information.
Les résultats présentés dans mes interventions (cours et conférence) sont issus d’enquêtes sociologiques menées par une équipe de recherche dans le cadre du Laboratoire de recherche sur les différenciations sociales et les identités sexuelles (Ladsis). Ces enquêtes ont fait l’objet de la publication de deux ouvrages collectifs intitulés « Être déficient visuel à l’université Hassan II de Casablanca. Accessibilité aux filières de l’enseignement supérieur et perspectives d’autonomie », et « Le handicap, représentations et perceptions des personnes en situation de handicap au Maroc » menés sous la direction du sociologue Khalil Jamal, directeur du Ladsis.
L’an dernier, en venant à l’INSHEA, j’ai pu découvrir l’institut, son fonctionnement, les formations proposées, le profil des étudiants et leurs travaux de recherche. La collaboration a été mise en place au Maroc aussi et nous avons eu l’occasion d’accueillir Frédéric Reichhart, maître de conférences en sociologie et responsable du Master « conseiller en accessibilité » de l’INSHEA, au sein de la faculté des Lettres et des sciences humaines Ain Chock. Dans le cadre de ces deux mobilités enseignantes, il a donné des cours aux étudiants de licence et de master, et animé une conférence sur la dimension culturelle et socio-anthropologique du handicap en avril 2018 et une co-conférence sous le thème « La gestion du handicap : politiques publiques et acteurs institutionnels » en février 2019.
La collaboration a également donné une visibilité sur les projets de mobilité en cours et à venir. Actuellement, nous sommes en train de préparer en plus des mobilités enseignantes des mobilités étudiantes, entrantes et sortantes, suite à l’ouverture d’un Master « Organisations et institutions sociales » rattaché au département de sociologie. Dans le cadre de ce master, il n’y a pas de module spécifiquement consacré au handicap, toutefois, cette question pourrait être étudiée de façon transversale dans le cadre de plusieurs modules ce qui amènerait étudiants à mieux s’intéresser à la question du handicap, de l’approcher de façon scientifique, sociologique notamment dans le cadre de leurs mémoires.
Un colloque sur le thème « Handicap et espaces » au Maroc est en cours d’organisation et aura lieu les 27 et 28 juin 2019 à la faculté des lettres et des sciences humaines Ain Chock de l’université Hassan II de Casablanca. Il s’agit d’un événement scientifique international et pluridisciplinaire qui s’inscrit dans le cadre d’un projet international intitulé « Handicap et citoyenneté » porté par deux universités, à savoir l’université Clermont-Auvergne en France et l’université Saint-Boniface au Canada. En accordant la parole à des chercheurs, entre autre les collègues de l’INSHEA, le colloque vise à mettre en place un espace de débat, de réflexion et d’échange de connaissances et d’expériences autour du handicap dans sa relation aux « Espaces ». Nous envisageons également accueillir, Zineb Rachedi-Nasri, maître de conférences en sociologie à l’INSHEA pour une mobilité de formation qui sera une occasion pour préparer à des collaborations futures et à préparer éventuellement aux mobilités étudiantes.
Appel à communication du colloque : handicap-citoyennete.uca.fr [1]
Lire la première interview d'Amal Bousbaa lors de son passage à l'INSHEA en 2018. [3]
Liens
[1] https://handicap-citoyennete.uca.fr/appel-a-communication-colloque-handicap-et-espaces--107891.kjsp
[2] https://www.inshea.fr/fr/content/conf%C3%A9rence-mercredi-30-janvier-le-handicap-au-maroc-analyse-sociologique-des-perceptions-et
[3] https://www.inshea.fr/fr/content/le-handicap-au-maroc-amal-bousbaa-nous-en-parle