Simone Emmert, professeur de droit à la faculté de sciences sociales de l'Université adventiste de Friedensau
L'approche anti-bias a été fondé dans les années 1980 aux États-Unis dans le cadre de la pédagogie de la petite-enfance par Louise Derman-Sparks et Carol Brunson-Philips. Le terme anglais 'bias' peut être traduit comme 'parti pris' ou 'préjugé'. Le préfixe 'anti' vise à corriger un déséquilibre créé par des stéréotypes et préjugés, ainsi qu'à rendre visible des pratiques discriminatoires. L'hypothèse d'anti-bias est que chaque personne a des préjugés qui sont appris par les individus tout au long de leur vie ; les préjugés sont définis comme des idéologies institutionnalisées et intériorisées, présentes dans une société. Les aspects de l'apprentissage des préjugés et des pratiques discriminatoires/opprimantes incluent que ces pratiques et attitudes peuvent être 'désapprises' et remplacées par des comportements empathiques et non-opprimants. L'application anti-bias se fait par des exercices basés sur les expériences propres et la réflexion de soi-même sur des concepts de pouvoir et de discrimination. L'approche anti-bias aide à identifier et rendre visible les relations de pouvoir et d'inégalités dans un contexte de conflit. Cette approche est appropriée dans un contexte interculturel car les expériences propres, les émotions et les besoins sont au centre en traversant les différences culturelles et en construisant des ponts entre les êtres humains. Cette présentation vise à démontrer l'intérêt de son utilisation pour permettre à des étudiants ou des participants d'analyser de manière réflexive leur vécu afin de développer des manières d'être et d'agir inclusives. »
Nassira Hedjerassi, professeure des universités en sciences de l'éducation à Sorbonne Université - Espé de l'académie de Paris, et chercheure au Laboratoire d'études de genre et de sexualité (LEGS-UMR 8338)
« Alors qu'on observait en France une forme d'invisibilité et dans la société et dans les recherches, on note très récemment une plus grande présence médiatique de la problématique trans ou du jeu avec le genre. Médiatisation d'artistes ou de figures intellectuelles (par exemple le comédien Océan, le philosophe Paul B. Preciado, le sociologue Sam Bourcier). Médiatisation via des programmes grand public (emblématiquement la série française et familiale Plus belle la vie diffusée à une heure de grande écoute qui met en avant le parcours de questionnement de genre et de transition d'un lycéen assigné fille à la naissance, ou encore la diffusion par M6 d'une série britannique qui suit une enfant de 11 ans, assignée garçon à la naissance). Et enfin plus récemment encore médiatisation d'actes transphobes.
Pour autant, malgré cette visibilité médiatique croissante, demeure pleinement actuel le constat dressé par Karine Espineira et al. (2014) et par nous (Hedjerassi et al., 2015) : la question des élèves jugé·e·s non conformes sur le plan du genre à l'école demeure peu abordée. Ce silence relatif est surprenant à double titre. Il surprend d'une institution qui repose sur l'égalité de toutes et de tous, qui prône « l'acceptation et le respect des différences », qui se définit comme l'école de l'inclusion, l'école de la bienveillance ou aujourd'hui celle de la confiance.
Cette absence surprend alors que la littérature internationale et les rares enquêtes ou sondages disponibles sur le plan national convergent pour souligner l'importance des expériences scolaires dans les trajectoires sociales et professionnelles.
Dans cette communication, après une mise au point terminologique, nous nous proposons d'analyser ce que l'école fait de cette question et de ces publics qui troublent le genre, puis de présenter ce que les recherches disponibles mettent au jour des expériences scolaires des élèves jugé·e·s non conformes sur le plan du genre afin de dégager des pistes pour réaliser une école plus inclusive. »
23 mai 2019, de 14 à 16 heures.
Pot d'accueil à 13 h 30 au foyer.
L'entrée est libre sur présentation d'une pièce d'identité.
Amphithéâtre de l'INSHEA,
58-60 avenue des Landes, 92150 Suresnes.
Liens
[1] https://www.inshea.fr/fr/content/s%C3%A9minaire-du-grhapes#overlay=fr/node/1771/edit